Hrant Dink

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Hrant Dink
Hrant Dink
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Anglais: Hrant Dink
Arménien: Հրանտ Դինք
Date de naissance : 15.09.1954
Lieu de naissance:' Cavusoglu, Malatya
Date de la mort : 19.01.2007
Lieu de la mort: Istanbul, Turqui
Brève :
Journaliste, rédacteur en chef d'Agos, écrivain


Biographie

Hrant Dink est né le 15 septembre 1954 dans le quartier alevi de Cavusoglu, à Malatya, où vivent aussi des Arméniens. Son père, Sarkis Dink, plus connu sous le nom de Hashim le tailleur, est en effet originaire de cette région, aux marches de l’Arménie occidentale. Toutefois, ce qui incarne sans doute le mieux la philosophie de vie de Dink se trouve dans le prénom de sa mère, Gülvart : « Vart » est la traduction arménienne du mot « gül », qui, en turc, signifie « rose ». Ce prénom donné à sa mère symbolise ainsi de la plus belle façon le « vivre ensemble » qui sera l’essence même du combat de Hrant Dink. Alors qu’il a 7 ans à peine, Hrant quitte Malatya pour Constantinople avec ses deux petits frères à cause de la passion dévorante de son père pour le jeu. Ne supportant plus son mari, la mère du petit Hrant décide de le quitter, abandonnant au passage ses trois enfants, que leur père ne veut plus voir. Laissés à leur propre sort, les trois frères vont errer pendant trois jours avant d’être retrouvés endormis, affamés et misérables à Kumkapi [quartier de Constantinople]. L’étape suivante sera pour eux l’orphelinat arménien du quartier de Gedikpasha où Hrant Dink va passer dix années. Un jour, on amena à l’orphelinat une dénommée Rakel. Elle était issue d’une famille dont les parents s’étaient réfugiés en 1915 dans les monts Djoudi [Arménie occidentale], d’où ils n’étaient redescendus que des dizaines d’années plus tard. Rakel était une Arménienne kurdisée. Elle ne parlait ni le turc ni l’arménien. Hrant devient alors pour elle une sorte de grand frère, qui lui apprend le turc et l’arménien, et qui l’épousera quelques années plus tard. Avec son épouse, Rakel, il s’occupe d’une école arménienne pour enfants orphelins venus d’Arménie occidentale, comme lui et sa femme. Mais, après vingt et un ans d’une expérience sociale inédite, les Turcs décident de récupérer à leurs comptes cette initiative, sur laquelle ils mettent donc la main. Lorsque, en un instant, l’école, qui servait de refuge à des centaines d’enfants, lui est retirée, il commence à prendre conscience d’une certaine réalité Il y a poursuivi des études universitaires et s’est engagé dans des cercles politiques de gauche. En 1996, Hrant Dink fonde Agos(hebdomadaire), pour signaler les problèmes des arméniens de la Turquie. Tout au long de sa carrière, Hrant Dink a mené un combat acharné pour la reconnaissance du génocide arménien, a été récompensé notamment du prix Henri Nannen pour la liberté de la presse et a toujours milité pour la démocratie et la possibilité d’une réconciliation nationale. Hrant Dink souhaitait rester en Turquie, dans le pays où étaient nés ses ancêtres, et il nourrissait l’espoir que la Turquie rejoindrait un jour l’Europe. Pour lui, la reconnaissance du passé de la Turquie — avec, en première ligne, la reconnaissance officielle du génocide arménien — ne pouvait se faire qu’à travers un processus douloureux de démocratisation de la société turque. Dans tous les forums arméniens auxquels il a participé, il a toujours mis l’accent sur le processus de démocratisation de la société turque plutôt que sur la reconnaissance du génocide par les Etats étrangers. Hrant Dink était à la fois une figure prépondérante de la communauté arménienne de Turquie et une passerelle entre les communautés turque et arménienne, entre la Turquie et l’Arménie. Il faut rappeler également que depuis treize ans, la Turquie rejette toute relation diplomatique avec l’Arménie, et refuse d’ouvrir ses frontières avec ce petit Etat isolé.


L'assassinat de Hrant Dink

Le 19 janvier 2007 Hrant Dink a été abattu de trois balles dans la tête alors qu’il quittait son bureau à Istanbul. Cet assassinat a suscité la consternation et une vague de condamnations en Turquie, au sein de la communauté arménienne, et dans le monde. Le premier ministre Tayyip Erdogan a de son côté déclaré que c’était la « liberté d’expression en Turquie » qui était visée par ce crime. Plusieurs centaines de manifestants se sont spontanément rassemblés sur les lieux du meurtre et ont scandé : « Nous sommes tous Hrant Dink » et « Etat assassin ». La police turque a arrêté un adolescent qui a déjà avoué son crime. Mais des proches du journaliste soutiennent qu’il n’est pas le seul coupable ; ce sont aussi les constantes persécutions, les procès et campagnes de dénigrement contre Dink qui ont créé l’atmosphère de haine propice à ce meurtre. De très nombreux manifestants se sont rassemblés à Istanbul — où jusqu’à dix mille personnes ont défilé la nuit du meurtre — ainsi qu’à Ankara et dans plusieurs villes turques pour condamner ce meurtre.


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Bibliographie